Le Terrible: arrêtez d'avoir honte !

Publié le par AAK


Il est pourtant magnifique ce "Terrible" ! Quatrième sous marin nucléaire lanceur d'engins à rejoindre les eaux territoriales françaises pour l'exercice efficace de notre force de dissuasion. Et comme le veut l'habitude en France, c'est au jour du lancement que fusent les critiques. Alors que ce quatrième SNLE est commandé et payé depuis plusieurs années, c'est maintenant que certains, s'élèvent contre cette dépense qu'ils jugent scandaleuse et sont à la limite de demander remboursement contre ticket de caisse.


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Image (c) AFP
Et oui ! Il faut nous y faire mais décidemment en France l'armée est passée de mode. Voici ce que j'ai pu lire ou entendre ça et là depuis ce matin : "un nouveau sous marin n'ajoutera pas de monnaie dans ma bourse !", "ça ne sert à rien puisqu'il n'y a plus de guerre aujourd'hui !", "cette dépense est scandaleuse, deux milliards d'euros permettraient d'accueillir tous les animaux abandonnés de France !", "c'est dégueulasse, ça fait trois ans que je demande qu'on regoudronne ma rue !", et le plus beau c'est bien évidemment le salarié en arrêt de travail depuis 3 mois parce qu'il a perdu trois cheveux à cause "des soucis" qui plaide: "on dilapide l'argent du contribuable !". Notons que personne n'a relevé conbien la construction du Terrible et de ses trois grands frères de nouvelle génération, avait donné du travail aux chantiers sous-marins de Cherbourg et à quelques milliers d'employés plusieurs années durant.
 
La réalité c'est que la nation, la souveraineté et la défense sont trois notions dont  trop de français ne veulent plus entendre parler. La réalité c'est que le français n'en veut plus que pour sa poire et que si le politique ne répond pas à son problème récurrent de fuite sous lavabo  ou de transit intestinal, il décide en représailles de ne plus aller voter puisque "ça lui change rien". Je ne voudrais pas, avec certitude, établir de lien de cause à effet, mais  il me semble tout de même que cette baisse d'intérêt pour le sort de la nation et son positionnement géopolitique, est de plus en plus accentuée à mesure que les gens qui ont connu la guerre se raréfient.
 
Ce désintéressement pour l'armée, et le sentiment qu'elle ne sert plus à rien est, à mon sens, une grave erreur. La même qui nous toucha sous le Front populaire et qui entraîna la débâcle de 39. Malheureusement, la rumeur populaire montant, le gouvernement semble bien commence à céder du terrain. Ainsi comme s'il se sentait coupable de l'inauguration de ce petit bijou, le gouvernement, par l'intermédiaire d'Hervé Morin, annonce une réduction des effectifs de tous les corps d'armée pour la période allant de 2008 à 2014. Au passage, un peu moins de 35000 emplois seraient supprimés (pour un total actuel de 348000) et aucun syndicat ne viendra installer son barbecue place de la république. De même, le fait que le sous-marin soit "lanceur d'engins" semble également difficile à assumer pour le gouvernement qui se sent du même coup obligé d'annoncer des initiatives pour le désarmement nucléaire dans le monde, la fin des essais et l'interdiction des missiles nucléaires courte distance. On croit rêver ! La France se fixe peut être des limites, mais la Chine, le Pakistan ou l'Inde feront bien ce qu'ils voudront.
 
Aujourd'hui c'est un véritable choix qui s'offre à la France. Soit on considère que l'on peut compter sur l'Europe pour nous protéger et donc désagréger peu à peu notre défense pour ne garder que de quoi défiler le 14 Juillet. C'est par exemple la méthode pratiquée par la Suisse qui  s'en porte très bien. Soit on considère que la France  n'est pas la Suisse et a un rôle à jouer en Afrique, au Moyen orient ou en Amérique du sud, et on choisit d'avoir une armée forte et présente internationalement. Quitte à débattre sur l'orientation à donner à notre armée, ayons l'honnêteté de choisir l'une ou l'autre des deux voies, mais de grâce évitons la voie actuelle,  celle qui consiste à posséder le plus beau camion, sans budget pour le remplir de carburant. Le Président Sarkozy a réaffirmé son discours de campagne selon lequel il ne toucherait pas au budget de l'armée, c'est donc plutôt la seconde voie qui semble l'emporter. Une autre étape reste à franchir, celle où la France, pays souverain et libre, assumera sa puissance militaire en arrêterant de se justifier à chaque fois qu'elle change un canon.

Publié dans Politique intérieure

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