Travail, Famille, quel tri ?

Publié le par AAK

 

           Un jeune couple en préparation au mariage et travaillant à Paris vous fait part de leurs réflexions sur l’articulation de la vie familiale et de la vie professionnelle.

 

« Tout, tout de suite »

La société française accorde au travail une place toujours plus importante. A plus forte raison dans les environnements urbains, la réussite professionnelle est devenue l’objectif premier de la majorité des jeunes gens.

Cet état de fait trouve sans doute une multitude d’explications au nombre desquelles il est possible de citer : l’influence des médias poussant chaque jour les jeunes à envisager des fortunes toujours plus grandes et toujours plus rapides ; l’influence de l’école qui décourage trop souvent les vocations manuelles et les métiers passion au prétexte qu’ils ne collent pas au culte de l’élite ; ou encore la surpopulation citadine qui non contente d’être un vecteur de « vie chère » exacerbe également la concurrence professionnelle.

Ces facteurs parmi d’autres nous poussent irrémédiablement à fixer psychologiquement le seuil de notre bonheur à l’obtention instantanée de choses ou de moyens financiers que nos parents mirent parfois trente années à obtenir.

 

« Ne pas perdre sa vie à la gagner »

S’il n’est pas possible, pas utile et donc pas souhaitable de se mettre en marge de notre société, un choix de vie reste néanmoins possible.

Jeune stagiaire en cabinet d’avocat, j’éprouvais déjà une curiosité admirative pour cette avocate qui, à contresens de la tendance du cabinet, arrivait chaque matin deux heures avant tout le monde et partait chaque soir à 17h, juste assez tôt pour voir ses enfants, les nourrir, les faire travailler, les éduquer et les aimer. Son mari en faisait de même dans la société qui l’employait. Lorsque le matin, personne ne la voyait arriver, le soir, tout le monde la voyait partir. Cette avocate aura donc mis cinq années de plus que ses semblables à obtenir une promotion. Pendant cette période, elle aura gagné moins d’argent qu’eux mais juste assez pour faire de sa famille un succès. Dans le même temps, dans son cabinet, trois associés sur quatre connaissaient le divorce.

L’échec familial lié à la surimplication professionnelle, s’accompagne malheureusement trop souvent d’un isolement social. Piégés par les tracas professionnels, nous ne disons plus bonjour à nos proches, nous ne connaissons plus nos voisins, nous roulons tous dans le même métro mais la promiscuité n’est qu’illusion : nous sommes étrangers les uns pour les autres.

Au même titre que l’aménagement d’un temps de vie familiale, l’aménagement d’un temps de vie sociale est de nos jours difficile mais demeure réalisable. Si tant est que l’on en fasse le choix, il est toujours possible de consacrer une heure par semaine au bénévolat paroissial ou à la soupe populaire. Dans un autre registre, la pratique d’un sport ou d’un loisir et souvent prenante et onéreuse mais permet à chacun de satisfaire à la vocation grégaire de l’Homme.

 

Si le choix d’une vie familiale et sociale est donc possible il n’est pas toujours aisé et son degré de réalisation est fortement variable. En premier lieu, tout le monde n’est pas en position de choisir son métier, de choisir ses horaires, de choisir son employeur. En second lieu, il ne peut pas être ignoré que le choix consistant à décharger sa brouette pour charger celle du voisin n’est jamais la voie à suivre : ma liberté s’arrête là ou commence celle du groupe.

Publié dans Société

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